Le Pu'er. Un thé dans le thé.
Issu du Yunnan, c’est la boisson ancestrale et par là donc culturelle de cette grande province du sud de la Chine, (équivalente en superficie à la France). L’alimentation y est très riche, notamment carnée, souvent festoyante. D’un point de vue médicinal, le pu'er, quand il est de bonne qualité (attention aux fermentations non maitrisées) est un remarquable équilibrant de cette alimentation. Très apprécié à Hong Kong où les amateurs fortunés l’abordent aujourd’hui avec un regard d’oenologue.
Pu'er Cru - Sheng cha
Depuis des siècles les amateurs de Pu'er consomment le thé cru. Ils en apprécient les vertus médicinales et les agréments sensuels. Mais pour en obtenir la quintessence ils doivent attendre plusieurs années, pour, entre autre, "chasser" l'astringence. Ainsi les producteurs vendent le thé de leurs parents et produisent le thé de leurs enfants…
Dans les années récentes (1970) la cuisson a fait son apparition...
Pu'er Cuit - Shu cha
Evolution ou impatience? Pendant quelques années le thé a été le grand réprouvé de la Chine des dirigeants qui le considéraient comme un art de lettrés, donc décadent. Quand ces années furent dépassées le retour de valeurs pérennes refleurit. Mais pour ne pas attendre à nouveau le vieillissement des thés crus, la cuisson fit son apparition.
C'est avec respect et tendresse que l'on peut porter un regard déférent sur le talent de reproduction des experts chinois : approcher, à l'aide de cette technique nouvelle, les sensations que les "thés crus vieillissant naturellement" procuraient.
Les puer ont été très appréciés en Chine. La province productrice, le Yunnan, est tout au sud de ce grand pays. Sa partie Nord a particulièrement été attirée par ce type de thé. Pour le transporter jusque là, les producteurs mirent au point la compression du thé. Plusieurs types de formes (galette, brique, disque, carré, nid, champignon, etc) caractérisèrent le terroir d'origine ou parfois l'entreprise de manufacture.
Aujourd'hui les modes de transport rapides n'obligent plus à la compression. Le vrac a droit de citer… mais la tradition, si vivace dans les minorités prolonge encore cet art. Pour les anciens, quel plaisir de découvrir avec attention la galette de son enveloppe de papier ou de tissu, d'y introduire le pic en détachant juste la quantité nécessaire à la préparation en préservant de l'air le reste de la galette puis, de remettre l'ensemble dans son étui protecteur avant de procéder aux infusions… Vive le vrac... mais quel agrément les galettes!